Au moment de relire ce texte avant publication le personnage principal me rejoint sur mon blog!
Bienvenue à mon ami Bernard Chenevière
Né en 1946 il ne fut jamais pilote professionnel, ce qui ne l’a pas empêché de briller dans les plus grandes épreuves : Après le Rallye des Neiges et le Criterium Jurassien dans son pays on le vit à la Targa Florio, au Nürburgring (4ème des 1000 km en 1973), à Spa et à Monza et bien évidemment au Mans à 6 reprises où il se classa 5ème du général en 1973 sur une Porsche 908/03. Il défendit aussi les couleurs de la Scuderia Filipinetti (1972) au volant d’une Ferrari 365 GTB4. Parmi d’autres faits d’armes: sa participation au Marathon Londres—Sidney, un pensum de… 30’000 km, quelques éditions du Tour de France (sur Porsche) et une deuxième place lors des 24 Heures de Spa en 1969.
J’espère qu’il ne m’en voudra pas si je dis que je l’ai vu courir à Ollon Villars, épreuve dont je vous ai abondement parlé ces derniers temps : C’était en 1967, au volant d’une Hilmann Imp qu’il avait, si ma mémoire est bonne, empruntée à sa maman !
Il mit un terme à sa carrière en 1982, à l’issue du Rallye de Monte Carlo !

Au premier plan les vainqueurs Brian Redman et Josef Siffert (Porsche 917). Derrière, à gauche Bernard Chenevière et à droite son coéquipier Claude Haldi qui nous quitté il y a un mois à 75 ans. Claude avait participé 22 fois aux 24 Heures...
A la Scuderia Filipinetti Bernard Chenevière, avec ses cheveux déjà gris, sa classe, son intelligence et son éducation, ne ‘faisait’ pas très ‘pilote’ en comparaison des italiens exubérants favoris de Mike Parkes, lequel était peu enthousiaste quand j’emmenais le pilote lausannois sur les circuits pour piloter nos Fiat 128 Groupe 2 ! Il avait du reste aussi fait la moue quand Monsieur Filipinetti avait demandé à l’excellent Charles Ramu Caccia, multiple Champion suisse, de venir faire des essais à Monza. Ramu avait aussi les cheveux gris, comme Parkes de 3 ans son cadet (!) qui le nommait « le vieux ». Dommage qu’il ne l’ait jamais vu à l’œuvre au volant de son Alfa à Ollon Villars… mais revenons à notre ami Chenevière le ‘père tranquille’ comme mon basset: tout sous contrôle, pas une manœuvre de trop, l’Anquetil de la course automobile ! Les voitures étaient délicates, cassaient quasi chaque fois et c’est toujours les pilotes italiens qui ‘explosaient’ les moteurs. Puis un jour, la mécanique ayant tenu sous les pieds lourds des ‘ritals’ Bernard a pu, enfin, prendre un relais en course (je m’en souviens comme si c’était hier) et là, comme mon basset quand il y a un os à ronger, nous avons assisté à une leçon de ténacité, d’intelligence… et de pilotage ! La voiture tenant miraculeusement le coup, il s’est permis un luxe qui était au dessus des possibilités techniques de ces ‘branleurs’ de pilotes italiens: il est allé « chercher » les Alfa, grandes protagonistes du Championnat d’Europe.
Le staff était debout dans le stand! Puis Bernard s’est laissé légèrement décoller de l’Alfa qu’il suivait assez facilement, ceci au grand dam des transalpins qui criaient « Dai Dai ! ». L’ingénieur : « Mais il a raison, il laisse respirer et refroidir son moteur qui est probablement sur le point d’exploser. Ce type a du ‘chou’ et c’est sûr qu’il a observé le manomètre de température ! Je suis impressionné » Les armaillis du Vésuve : « Qu’est-ce que c’est cette histoire de manomètre ? » Sans commentaire mais j’ajouterai que si une fois de plus la voiture n’a pas terminé la course (putain de joint de culasse !) l’ « ingeniere » est venu me demander, s’intéressant enfin à ce pilote aux cheveux plus gris que lui, qui ne roulait pas les mécaniques et… n’émargeait pas au sérail de Formigine (notre atelier près de Maranello) « Au fait, que fait-il dans la vie ? » « Oh ! Rien de spécial, il est ingénieur! »
Lorsqu’il s’est agit, un mois plus tard, de choisir des co-équipiers à Mike Parkes pour piloter les deux Ferrari Daytona aluminium aux 24 Heures du Mans, j’avais suggéré, au fait c’étaient plutôt les ordres de Georges Filipinetti, les genevois Florian Vetsch, Gérard Pillon, Jean-Jacques Cochet et les « étrangers » Peter Westbury, Jean-Louis Lafosse et quelques autres dont j’ai oublié le nom. Mike a eu une mimique d’enfant de cœur pris en flagrant délit de masturbation et m’a demandé : « Et … l’ingénieur ? » C’est ainsi qu’aux 24 Heures du Mans 1972 mes deux ingénieurs préférés ont piloté nos deux Ferrari : Chenevière, Vetsch, Pillon (sur la Daytona n° 35, figure de proue de mon blog !) et Parkes, Lafosse et Cochet sur la N° 34.
Je n’ai jamais été pilote mais n’ai pas de cheveux gris. Ma tignasse, trop fière pour blanchir, a préféré me quitter avant !