Baron Fritz Huschke Von Hanstein

 


Huschke Von Hanstein au volant d’une Porsche 550 Spider

Il était né en 1911 (Comme mon père mais cela ne vous intéresse pas hein ?)

Son nom est lié à jamais à la marque Dr.Ing.h.c.F.Porsche AG. Stuttgart Zuffenhausen. De 1952 à 1974 il en fut le Directeur de presse, le racing manager et pilote de course. Il faut savoir que ce ‘noble’ fut aussi président de l’AvD (l’Automobile Club d’Allemagne), président de The Supreme National Sports Commission (Je ne vous fais pas l’affront de traduire…) et vice président de la FISA, mieux connue comme International Automobile Sport Association. Le bas de la page approchant je vous fais grâce de tous les titres honorifiques de Monsieur le Baron !

 Fils d’un noble aristocrate  entrepreneur et fortuné, il était né à Halle (un lieu connu des amateurs de tennis qui pourrait bientôt changer de nom pour Roger Federer Stadt !). En 1929 il débuta sa carrière de pilote par la moto, ce qui lui a permis de tenir des guidons aux senteurs d’autrefois : FN, Ardie, BSA et Norton. Puis il passa aux quatre roues sur des marques dont l’évocation ne nous rajeunit pas : Hanomag BMW et Adler. Dès 1936 il participa régulièrement aux 24 Heures du Mans et devint Champion d’Europe de la Montagne. En 1940 il remporta la Mille Miglia sur BMW. Vous me direz que la Mille Miglia en 1940 vous paraît bizarre puisque Mussolini avait suspendu cette épreuve à la suite d’un accident en 1938 ayant tué 10 spectateurs. Vous avez raison mais il s’agissait d’un raccourci dénaturé de la fameuse course sur routes italienne… mise sur pieds suite à l’insistance des alliés nazis de Mussolini. Du reste ‘Le Baron’ était leader du « German National Team To Overall Victory »! (Pour une éventuelle traduction, merci de me contacter en message privé, codé et avec pseudo !)

En septembre 1951 Huschke von Hanstein pilotait à « compte d’auteur » des voitures privées quand il rejoignit Porsche comme pilote. C’est ainsi qu’il ajouta à son copieux curriculum vitae 17 records à Montlhéry et qu’il augmenta sa carte de visite avec les titres de Racing Manager et PR Director chez Porsche, faisant de lui un personnage incontournable du paysage des courses automobiles.

La suite est plus ou moins connue des amateurs de compétition automobile : Le baron avec sa classe naturelle, sa pratique de nombreuses langues et ses connaissances de la course était omniprésent sur tous les circuits du monde entier.

Il a bien sûr appuyé le Suisse Josef Siffert qui, sous son règne, fut 3 fois dans l’équipe Championne du monde d’endurance avec les fameuses Porsche 908 et 917.

 

 

Huschke von Hanstein est décédé le 5 mars 1996. Il avait 85 ans.

 

J’ai écrit ce texte pour remémorer aux anciens la carrière extraordinaire de cet aristocrate allemand et le faire un peu mieux connaître à mes jeunes amis. Je vais ajouter deux anecdotes très personnelles, donc peu connues du grand public. Je vous préviens que ces deux histoires sont un peu iconoclastes mais rien ne vous oblige à continuer à me lire.

 

Pour ceux qui restent… (Tiens! On se sent moins seuls aurait dit Coluche!) commençons par nous rendre à Evian, dans la demeure de Bernard Cahier, éminent journaliste du sport automobile, avec lequel je collaborais. Il avait invité Huschke von Hanstein chez lui lors d’un Salon de l’automobile de Genève. On lui avait réservé la meilleure chambre de la maison. Pour préparer la suite du récit, sachez que Cahier, âgé de 16 ans à la fin de la guerre, avait participé à l’escalade de la cathédrale de Strasbourg et à l’arrachage du drapeau nazi. Je ne connais pas tous les détails de cette épopée mais le fait est qu’il était en possession du drapeau à la svastika   .

Quelle ne fut pas la surprise de l’ami Huschke de trouver ce drapeau comme couvre-lit dans sa chambre! Il y eut des rires jaunes mais tout se termina par un mot plein d’esprit écrit et laissé dans la chambre par le baron à son départ, disant à peu près :

Cahier, vous êtes responsable d’atteinte à l’honorabilité d’un dignitaire du Grand Reich. La Sturmabteilung vous fusillera lors de votre prochain passage au Nurburgring.

J’ajoute que ce mot avait été écrit en français. Je ne suis pas sûr que Cahier l’aurait compris dans la langue de Goethe !

 

La deuxième histoire est encore plus iconoclaste puisque publiée sous ma signature, eh oui ! Je me suis toujours insurgé contre la chappe de silence qui recouvre les « délicieuses activités » des nazis et de la fameuse  Schutzstaffel 

On n’en parle pas. C’est tout!

En 1967 je me suis pourtant permis d’en parler… ou mieux de publier la légende suivante dans l’Année Automobile où j’officiais comme rédacteur :

Il s’agit d’un article sur l’histoire de la maison BMW et je vous laisse imaginer ce que j’ai entendu dès que je suis revenu sur les circuits :

« T’es pas un peu barge… qu’est-ce qu’il t’a fait le baron ? »

«  C’est pas sympa de publier ce genre d’article au sujet d’un homme respecté dans le sport automobile »

Ce genre de question et ma décision de publier montrent bien que certains sujets sont tabous mais si on veut écrire l’histoire honnêtement on ne peut pas passer sous silence des faits parfaitement authentiques. Avec mes affectueuses excuses post mortem à Huschke avec qui je n’ai pas eu l’occasion d’en parler ayant quitté le milieu du sport automobile cette même année !

 Tiens ! Je me demande ce qu’en aurait dit Pierre Desproges ?