Une femme a été renversée en Arizona par une voiture autonome en cours d’essais. Elle est décédée. De quoi se poser des questions, mêmes celles auxquelles nos compétences techniques n’entendent rien. Alors faut-il tout remettre en question ?
Je dis non… mais !
Que l’on accepte ou non l’idée de la voiture autonome, à l’avenir il faudra de toutes façons envisager un changement radical de la manière de considérer les transports routiers individuels. Et il reste du boulot !
Force est d’accepter cette nouvelle technologie, alors commençons par laisser aux inventeurs, ingénieurs et visionnaires le temps d’aller au bout de leurs investigations avant de nous prononcer. Et surtout avant de râler ! Qui dit investigations dit aussi : essais « à de vrai ». Bien sûr que les détracteurs vont suggérer les Steppes des Kirghizes et le Grand Lac Salé pour les expériences. Il est du reste probable que les chercheurs ne nous aient pas attendu pour le faire, discrètement. Mais comment pourrait-on confronter la voiture autonome à la réalité… piétons traversant la chaussée compris, dans les vastes étendues désertes ? Un jour ou l’autre, étant admis la nécessité de faire des essais, il fallait bien revenir dans la ‘civilisation’. C’est pourquoi Uber a obtenu toutes les autorisations, sous condition que les voitures expérimentales soient sous contrôle humain à bord. On parle de chauffeur passif.
Les vidéos de la malheureuse ‘cycliste à pied’ tuée, rendues publiques par la police, donnent quelques pistes pour ‘faire mieux‘ : Par exemple la ‘vigilante’ au volant, sensée reprendre les commandes en cas de défaillance de l’électronique, payée pour ce job, j’espère à hauteur de ses responsabilités, ne donne pas l’impression d’être « à son affaire » : yeux mi-clos, regard vers le bas, l’apologie de la somnolence !

Peut-être surveillait-elle des instruments stupidement placés hors de son champ de vision mais, plus probablement, on ne m’ôtera pas de l’idée qu’elle était en train de ‘tripatouiller’ son ‘smartphone’ non?
Quand elle découvre l’horrible réalité c’est trop tard mais son attitude pose une question plus large : à quoi servent ces « conducteurs de secours » lors des tests de voitures autonomes ? S’ils ont pour consigne de travailler sur des outils impliquant de quitter la route des yeux, leur présence n’est pas de nature à prévenir une collision. Dans les conditions de l’accident, la présence de l’employée était loin d’être suffisante pour éviter le drame, mais je pose la question : Si un conducteur ‘lambda’ parfaitement concentré sur la route se trouve en face d’une stupide piétonne qui traverse une « highway » (J’espère que vous savez ce qu’est une ‘highway !) dans une zone non éclairée hors d’un passage pour piétons, croyez-vous qu’il aurait pu faire quelque chose pour sauver cette inconsciente ?
La réponse est Non !
La vidéo montre une situation dans laquelle un conducteur attentif aurait probablement été au moins aussi impuissant, ce qui pourrait faire office d’argument pour les partisans de la voiture autonome mais les images montrent avant tout une machine qui n’a pas réussi à faire de miracle. Je le disais plus haut : Peut faire mieux ! Et pour faire mieux, il faut faire des essais… le serpent serait-il en train d’avaler sa queue ?
Il ne faut pas incriminer la voiture autonome mais bien les lacunes de la formation des « assistants de conduite ». C’est la vraie faiblesse de l’histoire !
J’ai pris conscience de l’importance de la concentration professionnelle il y a bien des années lors d’un vol Malaga – Genève. Vous me direz que ça n’a rien à voir… et pourtant! Le pilote, ami de la famille, m’invite dans la cabine et au vu de ma licence aéronautique me fait une faveur qui serait impensable de nos jours : Il me permet de rester dans la cabine pour l’atterrissage, de plus… de nuit !
Le co-pilote fait la pose manuelle et le commandant de bord a les deux mains sur le ‘manche’ en effleurant le levier de commande, suivant au millimètre les mouvements générés par le pilote du siège de droite, prêt à intervenir en une fraction de seconde en cas de besoin.
Pensez-vous que la ‘grassouillette somnolente’ en charge de reprendre les commandes de la voiture autonome en cas de pépin était assez concentrée et attentive pour éviter le drame ?