
C’était en 1972. Mon patron Georges Filipinetti me convoque dans son bureau. Il s’agit de convoyer une voiture de Genève à son Château de Grandson (au bord du Lac de Neuchâtel). Le boss précise qu’il s’agit d’une pièce rarissime sans prix. Il me confie aussi son jeu de plaques minéralogiques personnelles.
Une parenthèse : en Suisse les voitures sont toujours immatriculées avec le numéro des plaques du propriétaire. C’est ainsi qu’on peut avoir des trentaines de voitures dans sa vie, toujours avec le même numéro. En cas de transfert de la voiture elle reçoit un nouveau numéro, celui de son nouveau proprio !
Donc Georges Filipinetti sort de son coffre fort (authentique !) le jeu de plaques dont il est titulaire en tant qu’Ambassadeur de la République de San Marino auprès des Nations Unies. Rien que ça ! Je vous passe les détails du ‘sermon sur la montagne’ que j’ai subi de la part de mon Ministre de patron au sujet 1° de son immatriculation personnelle et 2° de la valeur inestimable de la pièce de collection que je dois conduire au Château de Grandson pour rejoindre sa collection.
L’immatriculation du ‘chef’ porte le numéro CD GE 1.81, lire Corps diplomatique Genève, le n° 1 correspondant à l’Ambassadeur et le n° 81 à l’ordre d’importance de l’ambassade. Vous avez de la peine à me suivre ? Alors sachez que si, au rebours, on m’avait confié les plaques CD GE 81.1 vous auriez eu affaire au 81ème louffiat de la première ambassade genevoise… celle des Etats-Unis.
Revenons à notre rareté : Il s’agit d’une Ferrari, rien d’exceptionnel puisque mon patron était importateur de la marque au cheval cabré en Suisse. Mais celle-ci est une Ferrari 4 cylindres (oui quatre, ce n’est pas une faute de frappe !) construite à seulement deux exemplaires en version coupé, donc à carrosserie fermée, signée Pinin Farina (*).
J’ai donc conduit cette merveille au musée et ce n’est que plus tard que j’en ai appris un peu plus sur cette voiture.
Il s’agissait d’une Ferrari 500 Mondial dont voici l’historique :
2’000 cc, 4 cylindres, 170 cv, 250 km/h (performance que je n’ai pas vérifiée suite aux recommandations de mon boss !)
31 voitures construites en 1954 et 1955 dont 14 carrossées par Pinin Farina (*), 2 berlinettes + 12 spiders et 16 carrossées par Scaglietti, toutes des spiders plus une devenue monoplace de Formule 2 et un moteur qui n’a pas eu de châssis !
Une berlinette (était-ce la mienne ?) s’est vendue pour $ 1’200’000 en 2002.
Alors pourquoi ce titre « Ferrari fantôme » ? Parce que tous les documents consultés et tous les spécialistes appelés à la rescousse n’ont aucune précision sur « ma » voiture.


On a abondamment écrit sur les deux berlinettes 500 Mondial. Ci-dessus: la rouge porte le n° 0452MD et la bleue (qui je crois fut rouge à l’origine!) le N° 0422MD) mais personne ne peut me dire laquelle j’ai conduite. Aucune des deux survivantes n’a, paraît-il, été officiellement en possession de M. Filipinetti et n’a jamais été au musée du Château de Grandson. Au fait… Peut être n’ai-je jamais existé? Donc, avant d’écrire un roman : Le mystère de la Mondial rouge (ou bleue), j’en appelle aux innombrables docteurs ès ‘cavallino rampante’ pour mettre à jour ma documentation personnelle. Merci !
(*) Oui Pinin Farina en deux mots, l’autorisation présidentielle italienne d’écrire ce patronyme en un mot datant de 1961 et la Ferrari Mondial étant de 1954 ! Relisez mon article du 26 mai 2018 dans ce blog sous le titre Pininfarina… il carrozziere !



destinée à la casse, le temps que je sois revenu à ‘meilleure fortune’ comme disent les huissiers!
Je précise que cette voiture avait un palonnier embrayage/freins suspendu.
L’articulation supérieure de ce palonnier était assurée par une goupille. Des détails qui comptent pour mon histoire:





La Renault 14 est sortie en 1976. Une campagne publicitaire désastreuse fit sa promotion en évoquant cette ‘bonne poire’
en raison du concept « un minimum de place pour le moteur, un maximum pour le confort » ce qui achèvera sa réputation surtout qu’elle était notoirement sous-motorisée. Elle fut du reste construite à moins d’un million d’exemplaires !
Aux essais du GP d’Australie de ce matin l’état de la Mercedes de Valteri Bottas après sa sortie de route m’a rappelé un gag ancien. Je me rendais au GP d’Italie avec le photographe Yves Debraine qui conduisait. A l’entrée de Vevey une Alfa avait fait deux tonneaux dans un virage à droite. Inutile de vous parler de l’état de la carrosserie…



Oui je sais, vous ricanez mais ma R4 avait des longues portées offertes par Madame Marie Claire Cibié avec les premières ampoules halogènes de 100 watts, prototypes hors la loi et réservées à usage exclusif des 24 Heures du Mans. J’aime mieux vous dire que même les Ferrari et les Porsche de l’époque baissaient leurs feux après avoir été rappelées à l’ordre par « une rincée d’iode dans les mirettes ».
avaient tout prévu. Je vous raconte : A l’entrée de Antey Saint André alors que l’épaisseur de la neige allait rendre la route impraticable avec les pneus qui venaient de me permettre de rouler à 200 à l’heure je suis accueilli par une cohorte de mécaniciens du Lancia Servizio Corsa qui me dirigent vers la reconstitution fidèle d’un stand de ravitaillement de la marque dans les rallyes. Sans quitter mon siège, en deux coups de cuiller à pot ma voiture est soulevée au moyen d’une plateforme hydraulique et avec des ‘visseuses-devisseuses’ pneumatiques les quatre roues remplacées par un équipement hivernal Pirelli avec 120 clous par roue… le nettoyage du pare-brise par une multitude mains et 2 minutes et demie plus tard je reprenais la route enneigée pour parcourir les derniers 20 kilomètres des lacets menant à Cervinia !



A la fin de sa carrière de pilote il a fondé le Toyota Team Europe avec lequel il a dirigé la marque nippone au Championnat d’Europe des rallyes (avec deux victoires mondiales de Carlos Sainz), les prototypes aux 24 Heures du Mans et le Championnat du Monde de Formule 1 (Eh ! Oui). Il devait perdre la vie à 70 ans en Afrique du Sud sa résidence de retraité, lors d’une course de voitures historiques, plus précisément une Volvo PV444 en s’écrasant contre un poids lourd (Putain de camion aurait dit Renaud).
